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Avant que Violette pût répondre, Ourson reprit vivement :

« Ma mère, de grâce, ne parlez pas à Violette de se sacrifier pour moi ; vous savez combien j’en serais malheureux ! »

Au lieu de répondre à Ourson, Agnella porta la main à son front avec anxiété :

« La cassette, Passerose ! La cassette ! as-tu sauvé la cassette ?

— Je l’ai oubliée, Madame », dit Passerose.

Le visage d’Agnella exprima une si vive contrariété, qu’Ourson la questionna sur cette précieuse cassette dont elle semblait si préoccupée.

« C’était un présent de la fée ; elle m’a dit que le bonheur de Violette y était enfermé. Cette cassette était dans mon armoire, au chevet de mon lit. Hélas ! Par quelle fatalité n’ai-je pas songé à la sauver. »

À peine avait-elle achevé sa phrase que le brave Ourson s’élança vers la ferme embrasée, et, malgré les larmes et les supplications d’Agnella, de Violette et de Passerose, il disparut dans les flammes après avoir crié :

« Vous aurez la cassette, mère, ou j’y périrai ! »

Un silence lugubre suivit la disparition d’Ourson. Violette était tombée à genoux, les bras étendus vers la ferme qui brûlait. Agnella, les mains jointes, regardait d’un œil terrifié l’ouverture par laquelle Ourson était entré. Passerose restait immobile, le visage caché dans ses mains.

Quelques secondes se passèrent ; elles parurent