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un lâche si j’abusais ainsi de sa tendresse pour moi.

— Au revoir, entêté ! dit l’Alouette en s’envolant et en chantant ; au revoir. Je reviendrai… et alors…

— Alors comme aujourd’hui », pensa Ourson.

Et il monta à l’arbre, prit Violette dans ses bras, redescendit avec elle, la coucha sur la mousse et lui bassina le front avec un reste de vin qui se trouvait dans une bouteille brisée. Presque immédiatement, Violette se ranima ; elle ne pouvait en croire ses yeux lorsqu’elle vit Ourson, vivant et sans blessure, agenouillé près d’elle et lui bassinant le front et les tempes.

« Ourson, cher Ourson ! Encore une fois tu m’as sauvé la vie ! Dis-moi, ah ! Dis-moi ce que je puis faire pour te témoigner ma profonde reconnaissance.

— Ne parle pas de reconnaissance, ma Violette chérie ; n’est-ce pas toi qui me donnes le bonheur ? Tu vois donc qu’en te sauvant je sauve mon bien et ma vie.

— Ce que tu dis là est d’un tendre et aimable frère, cher Ourson ; mais je n’en désire pas moins être à même de te rendre un service réel, signalé, qui te prouve toute la tendresse et toute la reconnaissance dont mon cœur est rempli pour toi.

— Bon, bon, nous verrons cela, dit Ourson en riant. En attendant, songeons à vivre. Tu n’as rien mangé depuis ce matin, pauvre Violette, car je vois à terre les débris des provisions que tu