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et reprit précipitamment le chemin de la maison. Lui aussi, il voulut abréger la route en marchant à travers bois. Bientôt il crut entendre des cris plaintifs. Il s’arrêta,… écouta… Son cœur battait violemment ; il avait cru reconnaître la voix de Violette… Mais non… plus rien… Il allait reprendre sa marche, lorsqu’un cri, plus distinct, plus perçant, frappa son oreille ;… plus de doute, c’était Violette, sa Violette qui était en péril, qui appelait Ourson. Il courut du côté d’où partait la voix. En approchant il entendit non plus des cris, mais des gémissements, puis des grondements accompagnés de cris féroces et de coups violents.

Le pauvre Ourson courait, courait avec la vitesse du désespoir. Il aperçut enfin le Sanglier ébranlant de ses coups de boutoir l’arbre sur lequel était Violette, pâle, défaite, mais en sûreté. Cette vue-là lui donna des forces ; il invoqua la protection de la bonne fée Drôlette et courut sur le Sanglier sa hache à la main. Le Sanglier dans sa rage soufflait bruyamment ; il faisait claquer l’une contre l’autre des défenses formidables, et à son tour il s’élança sur Ourson. Celui-ci esquiva l’attaque en se jetant de côté. Le Sanglier passa outre, s’arrêta, se retourna plus furieux que jamais et revint sur Ourson qui avait repris haleine et qui, sa hache levée, attendait l’ennemi.

Le Sanglier fondit sur Ourson et reçut sur la tête un coup assez violent pour la fendre en deux ; mais telle était la dureté de ses os, qu’il n’eut même pas l’air de le sentir.