Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’arbre qui servait de refuge à Violette. Furieux de ne pouvoir assouvir sa rage, il dépouilla le tronc de son écorce, et lui donna de si vigoureux coups de boutoir que Violette eut peur ; l’ébranlement causé par ces secousses violentes et répétées pouvait la faire tomber. Elle se cramponna aux branches. Le Sanglier se lassa enfin de ses attaques inutiles et se coucha au pied de l’arbre, lançant de temps à autre des regards flamboyants sur Violette.

Plusieurs heures se passèrent ainsi : Violette, tremblante et immobile ; le Sanglier tantôt calme, tantôt dans une rage effroyable, sautant sur l’arbre, le déchirant avec ses défenses.

Violette appelait à son secours son frère, son Ourson chéri. À chaque nouvelle attaque du Sanglier, elle renouvelait ses cris ; mais Ourson était bien loin, il n’entendait pas : personne ne venait à son aide.

Le découragement la gagnait ; la faim se faisait sentir. Elle avait jeté le panier de provisions pour grimper à l’arbre ; le Sanglier l’avait piétiné et avait écrasé, broyé tout ce qu’il contenait.

Pendant que Violette était en proie à la terreur et qu’elle appelait vainement du secours, Ourson s’étonnait de ne voir arriver ni Violette ni son dîner.

« M’aurait-on oublié ?… se dit-il. Non ; ni ma mère ni Violette ne peuvent m’avoir oublié… C’est moi qui me serais mal exprimé… Elles croient sans doute que je dois revenir dîner à la maison !… Elles m’attendent ! elles s’inquiètent peut-être !… »

À cette pensée, Ourson abandonna son travail,