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À midi, Passerose mit au bras de Violette un panier qui contenait du vin, du pain, un petit pot de beurre, du jambon et des cerises. Violette partit avec empressement ; la matinée lui avait paru bien longue et elle était impatiente de se retrouver avec son cher Ourson. Pour abréger la route, elle s’enfonça dans la forêt, qui se composait de grands arbres sous lesquels on passait facilement. Il n’y avait ni ronces ni épines ; une mousse épaisse couvrait la terre. Violette marchait légèrement ; elle était contente d’avoir pris le chemin le plus court.

Arrivée à la moitié de sa course, elle entendit le bruit d’un pas lourd et précipité, mais encore trop éloigné pour qu’elle pût savoir ce que c’était. Après quelques secondes d’attente, elle vit un énorme Sanglier qui se dirigeait vers elle. Il semblait irrité, il labourait la terre de ses défenses, il écorchait les arbres sur son passage ; son souffle bruyant s’entendait aussi distinctement que sa marche pesante.

Violette ne savait si elle devait fuir ou se cacher. Pendant qu’elle hésitait, le Sanglier l’aperçut, s’arrêta. Ses yeux flamboyaient, ses défenses claquaient, ses poils se hérissaient. Il poussa un cri rugissant et s’élança sur Violette.

Par bonheur, près d’elle se trouvait un arbre vert dont les branches étaient à sa hauteur. Elle en saisit une des deux mains, sauta dessus et grimpa de branche en branche jusqu’à ce qu’elle fût à l’abri des attaques du Sanglier. À peine était-elle en sûreté que le Sanglier se précipita de tout son poids contre