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Violette vit encore ; Passerose l’a emportée à la maison pour lui donner les soins que réclame son état. »

Ourson sembla renaître à ces paroles ; il se releva et voulut courir à la ferme ; mais sa seconde pensée fut pour sa mère, et il modéra son impatience pour revenir avec elle.

Pendant le court trajet du ruisseau à la ferme, il lui raconta ce qu’il savait sur l’événement qui avait failli coûter la vie à Violette ; il ajouta que la bave de la fée Rageuse lui avait laissé dans la tête une lourdeur étrange.

Agnella raconta à son tour comment elle et Passerose les avaient trouvés évanouis au bord du ruisseau. Ils arrivèrent ainsi à la ferme ; Ourson s’y précipita tout ruisselant encore.

Violette, en le voyant, se ressouvint de tout ; elle s’élança vers lui, se jeta dans ses bras, et pleura sur sa poitrine. Ourson pleura aussi ; Agnella pleurait ; Passerose pleurait : c’était un concert de larmes à attendrir les cœurs. Passerose y mit fin en s’écriant :

« Ne dirait-on pas… hi ! hi !… que nous sommes… hi ! hi… Les gens les plus malheureux… hi ! hi !… de l’univers ? Voyez donc notre pauvre Ourson… déjà mouillé… comme un roseau… qui s’inonde encore de ses larmes et de celles de Violette… Allons, enfants !… courage et bonheur ; nous voilà tous vivants, grâce à Ourson…

— Oh ! Oui, interrompit Violette, grâce à Ourson, à mon cher, à mon bien-aimé Ourson ! comment