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lorsque Ourson accourut haletant, terrifié. Il avait entendu les cris de Violette… et il était revenu sur ses pas avec la promptitude de l’éclair.

Sans hésitation, sans retard, il se précipita dans l’eau et saisit la longue chevelure de Violette ; mais il sentit en même temps qu’il enfonçait avec elle : la fée Rageuse continuait à l’attirer au fond du ruisseau.

Pendant qu’il enfonçait, il ne perdit pas la tête ; au lieu de lâcher Violette, il la saisit à deux bras, invoqua la fée Drôlette, et, arrivé au fond de l’eau, il donna un vigoureux coup de talon qui le fit remonter à la surface. Prenant alors Violette d’un bras, il nagea de l’autre, et, grâce à une force surnaturelle, il parvint au rivage, où il déposa Violette inanimée.

Ses yeux étaient fermés, ses dents restaient serrées, la pâleur de la mort couvrait son visage. Ourson se précipita à genoux près d’elle et pleura. L’intrépide Ourson, que rien n’intimidait, qu’aucune privation, aucune souffrance ne pouvait vaincre, pleura comme un enfant. Sa sœur bien-aimée, sa seule amie, sa consolation, son bonheur, était là sans mouvement, sans vie ! Le courage, la force d’Ourson l’avaient abandonné ; à son tour, il s’affaissa et tomba sans connaissance près de sa chère Violette.

À ce moment, une Alouette arrivait à tire-d’aile ; elle se posa près de Violette et d’Ourson, donna un petit coup de bec à Violette, un autre à Ourson, et disparut.