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C’était l’heure du souper et Passerose mit le couvert ; on prit place à table. Violette demanda à être près d’Ourson ; elle était gaie, elle causait, elle riait. Ourson était heureux comme il ne l’avait jamais été. Agnella était contente. Passerose sautait de joie de voir une petite compagne de jeu à son cher Ourson. Dans ses transports, elle répandit une jatte de crème, qui ne fut pas perdue pour cela : un chat qui attendait son souper lécha la crème jusqu’à la dernière goutte.

Après souper, Violette s’endormit sur sa chaise.

« Où la coucherons-nous ? dit Agnella. Je n’ai pas de lit à lui donner.

— Donnez-lui le mien, chère maman, dit Ourson ; je dormirai aussi bien dans l’étable. »

Agnella et Passerose refusèrent, mais Ourson demanda si instamment à faire ce petit sacrifice, qu’elles finirent par l’accepter.

Passerose emporta donc Violette endormie, la déshabilla sans l’éveiller et la coucha dans le lit d’Ourson, près de celui d’Agnella. Ourson alla se coucher dans l’étable sur des bottes de foin ; il s’y endormit paisiblement et le cœur content.

Passerose vint rejoindre Agnella dans la salle ; elle la trouva pensive, la tête appuyée sur sa main.

« À quoi pensez-vous, chère reine ? dit Passerose ; vos yeux sont tristes, votre bouche ne sourit plus ! Et moi qui venais vous montrer les bracelets de la petite ! Le médaillon doit s’ouvrir, mais j’ai vainement essayé. Nous y trouverions peut-être un portrait ou un nom.