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— Violette pas rester seule dans le bois, Violette aller avec petit ours.

— Viens alors avec moi, chère petite ; je te mènerai à maman à moi. »

Ourson et Violette marchèrent vers la ferme. Ourson cueillait des fraises et des cerises pour Violette, qui ne les mangeait qu’après avoir forcé Ourson à en prendre la moitié. Quand Ourson gardait dans sa main la part que Violette lui adjugeait, Violette reprenait les fraises et les cerises et les mettait elle-même dans la bouche d’Ourson, en disant :

« Mange, mange, petit ours. Violette pas manger si petit ours ne mange pas. Violette ne veut pas pauvre ours malheureux. Violette veut pas pauvre ours pleurer. »

Et elle le regardait attentivement pour voir s’il était content, s’il avait l’air heureux.

Il était réellement heureux, le pauvre Ourson, de voir que son excellente petite compagne non seulement le supportait, mais encore s’occupait de lui et cherchait à lui être agréable. Ses yeux s’animaient d’un bonheur réel ; sa voix toujours si douce prenait des accents encore plus tendres. Après une demi-heure de marche, il lui dit :

« Violette n’a donc plus peur du pauvre Ourson ?

— Oh non ! Oh non ! s’écria-t-elle. Ourson bien bon ; Violette pas vouloir quitter Ourson.

— Tu voudras donc bien que je t’embrasse, Violette ? Tu n’aurais pas peur ! »