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belle et bien née comme toi. Adieu, Rosalie ; tu peux maintenant ouvrir ta cassette. »

Et, en achevant ces mots, la Souris grise disparut. Rosalie, se méfiant des paroles de son ennemie, ne voulut pas suivre son dernier conseil, et se résolut à garder la cassette intacte jusqu’au jour. À peine eut-elle pris cette résolution, qu’un Hibou qui volait au-dessus de Rosalie laissa tomber une pierre sur la cassette qui se brisa en mille morceaux. Rosalie poussa un cri de terreur ; au même moment elle vit devant elle la reine des fées, qui lui dit :

« Venez, Rosalie ; vous avez enfin triomphé de la cruelle ennemie de votre famille ; je vais vous rendre à votre père ; mais auparavant, buvez et mangez. »

Et la fée lui présenta un fruit dont une seule bouchée rassasia et désaltéra Rosalie. Aussitôt, un char attelé de deux dragons se trouva près de la fée qui y monta et y fit monter Rosalie.

Rosalie, revenue de sa surprise, remercia vivement la fée de sa protection, et lui demanda si elle n’allait pas revoir son père et le prince Gracieux.

« Votre père vous attend dans le palais du prince.

— Mais, Madame, je croyais le palais du prince détruit, et lui-même blessé et réduit à la misère.

— Ce n’était qu’une illusion pour vous donner plus d’horreur de votre curiosité, Rosalie, et pour vous empêcher d’y succomber une troisième fois.