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nut immédiatement le prince de son rêve, et s’écria involontairement :

« Le prince Gracieux ! »

— Vous me connaissez, Madame ? dit le prince étonné. Comment, si vous m’avez reconnu, ai-je pu, moi, oublier votre nom et vos traits ?

— Je ne vous ai vu qu’en rêve, prince, répondit Rosalie en rougissant ; quant à mon nom, vous ne pouvez le connaître, puisque moi-même je ne connais que depuis hier celui de mon père.

— Et quel est-il, Madame, ce nom qui vous a été caché si longtemps ? »

Rosalie lui raconta alors tout ce qu’elle avait appris de son père ; elle lui avoua naïvement sa coupable curiosité et les fatales conséquences qui s’en étaient suivies.

« Jugez de ma douleur, prince, quand je dus quitter mon père pour me soustraire aux flammes que la méchante fée avait allumées, quand, repoussée de partout à cause de la Souris grise, je me trouvai exposée à mourir de froid et de faim ! Mais, bientôt, un sommeil lourd et plein de rêves s’empara de moi ; j’ignore comment je suis ici et si c’est chez vous que je me trouve. »

Gracieux lui raconta comment il l’avait trouvée endormie dans la forêt, les paroles de son rêve qu’il avait entendues, et il ajouta :

« Ce que votre père ne vous a pas dit, Rosalie, c’est que la reine des fées, notre parente, avait décidé que vous seriez ma femme lorsque vous auriez quinze ans ; c’est elle sans doute qui m’a