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des chevaux, les aboiements des chiens, le tumulte d’une nombreuse réunion d’hommes. Le prince, stupéfait, ne se lassait pas de regarder Rosalie ; aucune des personnes de la cour ne la connaissait. Inquiet de ce sommeil obstiné, Gracieux lui prit doucement la main : Rosalie dormait toujours ; le prince secoua légèrement cette main, mais sans pouvoir l’éveiller.

« Je ne puis, dit-il à ses officiers, abandonner ainsi cette malheureuse enfant, qui aura peut-être été égarée à dessein, victime de quelque odieuse méchanceté. Mais comment l’emporter endormie ?

— Prince, lui dit son grand veneur Hubert, ne pourrions-nous faire un brancard de branchages et la porter ainsi dans quelque hôtellerie voisine, pendant que Votre Altesse continuera la chasse ?

— Votre idée est bonne, Hubert ; faites faire un brancard sur lequel nous la déposerons ; mais ce n’est pas à une hôtellerie que vous la porterez, c’est dans mon propre palais. Cette jeune personne doit être de haute naissance, elle est belle comme un ange ; je veux veiller moi-même à ce qu’elle reçoive les soins auxquels elle a droit. »

Hubert et les officiers eurent bientôt arrangé un brancard sur lequel le prince étendit son propre manteau ; puis, s’approchant de Rosalie toujours endormie, il l’enleva doucement dans ses bras et la posa sur le manteau. À ce moment, Rosalie sembla rêver ; elle sourit, et murmura à mi-voix :

« Mon père, mon père !… sauvé, à jamais !… la