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mais le souvenir des bonbons promis par Fourbette détruisit ce bon mouvement.

Avant qu’il eût pu répondre, les autruches touchèrent à la grille de la forêt des Lilas.

« Oh ! Les beaux lilas ! S’écria Blondine ; quelle douce odeur ! Que je voudrais avoir un gros bouquet de ces lilas pour les offrir à papa ! Descends, Gourmandinet et va m’en chercher quelques branches.

— Je ne puis descendre, princesse ; les autruches pourraient s’en aller pendant que je serais absent.

— Eh ! Qu’importe ? dit Blondine : je les ramènerai bien seule au palais.

— Mais le roi me gronderait de vous avoir abandonnée, princesse. Il vaut mieux que vous alliez vous-même cueillir et choisir vos fleurs.

— C’est vrai, dit Blondine ; je serais bien fâchée de te faire gronder, mon pauvre Gourmandinet. »

Et, en disant ces mots, elle sauta lestement de la voiture, franchit les barreaux de la grille et se mit à cueillir les lilas.

À ce moment, Gourmandinet frémit, se troubla : le remords entra dans son cœur ; il voulut tout réparer en rappelant Blondine : mais, quoique Blondine ne fût qu’à dix pas de lui ; quoiqu’il la vît parfaitement, elle n’entendait pas sa voix et s’enfonçait petit à petit dans la forêt enchantée. Longtemps il la vit cueillir des lilas, et enfin elle disparut à ses yeux.

Longtemps encore il pleura son crime, maudit