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dant quinze jours à ton funeste penchant. Tu devais être unie à quinze ans à un charmant prince de nos parents, le prince Gracieux ; cette union est encore possible.

« Ah ! Rosalie, ma chère enfant ; par pitié pour toi, si ce n’est pas pour moi, aie du courage et résiste. »

Rosalie était restée aux genoux de son père, le visage caché dans ses mains et pleurant amèrement ; à ces dernières paroles, elle reprit un peu de courage, et, l’embrassant tendrement, elle lui dit :

« Oui, mon père, je vous le jure, je réparerai ma faute ; ne me quittez pas, mon père, et je chercherai près de vous le courage qui pourrait me manquer si j’étais privée de votre sage et paternelle surveillance.

— Ah ! Rosalie, il n’est plus en mon pouvoir de rester près de toi ; je suis sous la puissance de mon ennemie ; elle ne me permettra sans doute pas de rester pour te prémunir contre les pièges que te tendra sa méchanceté. Je m’étonne de ne l’avoir pas encore vue, car le spectacle de mon affliction doit avoir pour elle de la douceur.

— J’étais près de toi aux pieds de ta fille, dit la Souris grise de sa petite voix aigre, en se montrant au malheureux génie. Je me suis amusée au récit de ce que je t’ai déjà fait souffrir, et c’est ce qui fait que je ne me suis pas montrée plus tôt. Dis adieu à ta chère Rosalie ; je l’emmène avec moi, et je te défends de la suivre. »