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Rosalie courut du côté de la maison ; chaque fois qu’elle se retournait, elle voyait la Souris qui galopait après elle en riant d’un air moqueur. Arrivée dans la maison, elle voulut écraser la Souris dans la porte, mais la porte resta ouverte malgré les efforts de Rosalie tandis que la Souris restait sur le seuil.

« Attends, méchante bête ! » s’écria Rosalie, hors d’elle de colère et d’effroi. Elle saisit un balai et allait en donner un coup violent sur la Souris, lorsque le balai devint flamboyant et lui brûla les mains ; elle le jeta vite à terre et le poussa du pied dans la cheminée pour que le plancher ne prît pas feu. Alors, saisissant un chaudron qui bouillait au feu, elle le jeta sur la Souris ; mais l’eau bouillante était devenue du bon lait frais ; la Souris se mit à boire en disant :

« Que tu es aimable, Rosalie ! Non contente de m’avoir délivrée, tu me donnes un excellent déjeuner ! »

La pauvre Rosalie se mit à pleurer amèrement ; elle ne savait que devenir, lorsqu’elle entendit son père qui rentrait.

« Mon père ! dit-elle, mon père ! Oh Souris, par pitié, va-t’en ! que mon père ne te voie pas !

— Je ne m’en irai pas, mais je veux bien me cacher derrière tes talons, jusqu’à ce que ton père apprenne ta désobéissance. »

À peine la Souris était-elle blottie derrière Rosalie, que Prudent entra ; il regarda Rosalie, dont l’air embarrassé et la pâleur trahissaient l’effroi.