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découvre ce mystère… Comment faire ?… Si je pouvais soustraire à mon père cette clef, seulement pour une demi-heure ! Peut-être l’oubliera-t-il un jour… »

Elle fut tirée de ses réflexions par son père, qui l’appelait d’une voix altérée.

« Me voici, mon père ; je rentre. »

Elle rentra en effet et examina son père, dont le visage pâle et défait indiquait une vive agitation. Plus intriguée encore, elle résolut de feindre la gaieté et l’insouciance pour donner de la sécurité à son père, et arriver ainsi à s’emparer de la clef, à laquelle il ne penserait peut-être pas toujours si Rosalie avait l’air de n’y plus songer elle-même.

Ils se mirent à table ; Prudent mangea peu, et fut silencieux et triste, malgré ses efforts pour paraître gai. Rosalie montra une telle gaieté, une telle insouciance, que son père finit par retrouver sa tranquillité accoutumée.

Rosalie devait avoir quinze ans dans trois semaines ; son père lui avait promis pour sa fête une agréable surprise. Quelques jours se passèrent ; il n’y en avait plus que quinze à attendre.

Un matin Prudent dit à Rosalie :

« Ma chère enfant, je suis obligé de m’absenter pour une heure. C’est pour tes quinze ans que je dois sortir. Attends-moi dans la maison, et, crois-moi, ma Rosalie, ne te laisse pas aller à la curiosité. Dans quinze jours tu sauras ce que tu désires tant savoir, car je lis dans ta pensée ; je sais ce