Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rosette vit alors que chacun des chevaux était contenu par quatre hommes et qu’ils piaffaient et sautaient avec fureur

Au même instant, un joli petit jockey, vêtu d’une veste de satin paille avec des nœuds bleus, cria d’une voix argentine :

« L’équipage de la princesse Rosette. »

Et on vit approcher un petit char de perles et de nacre, attelé de deux magnifiques chevaux blancs, dont les harnais étaient en velours paille orné de saphirs.

Charmant ne savait s’il devait laisser Rosette monter dans un char inconnu ; il craignait encore quelque scélératesse du roi et de la reine. La voix de la fée dit à son oreille :

« Laissez monter Rosette ; ce char et ces chevaux sont un présent de moi. Suivez-la partout où la mènera son équipage. La journée s’avance, je n’ai que quelques heures à donner à Rosette ; il faut qu’elle soit dans votre royaume avant ce soir. »

Charmant aida Rosette à monter dans le char et sauta sur son cheval. Tous les chars partirent ; celui de Rosette partit aussi : Charmant ne le quittait pas d’un pas. Au bout de quelques instants, deux chars montés par des femmes voilées cherchèrent à devancer celui de Rosette ; l’un d’eux se précipita avec une telle force contre celui de Rosette qu’il l’eût inévitablement mis en pièces, si ce char n’eût pas été fabriqué par les fées : ce fut donc le char lourd et massif qui fut brisé ; la femme voilée