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de perles grosses comme des noix ; le bas était bordé d’une torsade de perles grosses comme des noisettes ; elle était coiffée d’une petite toque en velours bleu de ciel, avec une plume d’une blancheur éblouissante, qui retombait jusqu’à sa taille et qui était rattachée par une perle d’une grosseur et d’une beauté inouïes. Les brodequins étaient également en velours bleu, brodés de perles et d’or. Les bracelets et le collier étaient en perles si belles, qu’une seule eût payé tout le palais du roi. Au moment où elle allait quitter sa chambre pour suivre le page qui frappait à la porte, une voix dit à son oreille :

« Rosette, ne montez pas d’autre cheval que celui que vous présentera le roi Charmant. »

Elle se retourna, ne vit personne, et ne douta pas que cet avis ne lui vînt de sa marraine.

« Merci, chère marraine », dit-elle à demi-voix.

Elle sentit un doux baiser sur sa joue, et sourit avec bonheur et reconnaissance.

Le page la mena, comme la veille, dans les salons, où elle produisit plus d’effet encore ; son air doux et bon, sa ravissante figure, sa tournure élégante, sa toilette magnifique, captivèrent tous les regards et tous les cœurs. Le roi Charmant, qui l’attendait, alla au-devant d’elle, lui offrit son bras et la mena jusque près du roi et de la reine, qui la reçurent avec plus de froideur encore que la veille. Orangine et Roussette crevaient de dépit à la vue de la nouvelle toilette de Rosette, elles ne voulurent même pas lui dire bonjour.