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mais de trouver un moyen pour nous débarrasser de Rosette et empêcher le roi Charmant de la revoir.

— Rien de plus facile, dit la reine ; je la ferai dépouiller demain de ses bijoux et de ses belles robes ; je la ferai emmener par mes gens, et on la ramènera à sa ferme, d’où elle ne sortira plus jamais. »

À peine la reine eut-elle achevé ces mots, que la fée Puissante parut, l’air menaçant et irrité.

« Si vous touchez à Rosette, dit-elle d’une voix tonnante, si vous ne la gardez ici, et si vous ne la faites assister à toutes les fêtes, vous ressentirez les effets de ma colère. Vous, roi indigne, vous, reine sans cœur, vous serez changés en crapauds, et vous, filles et sœurs détestables, vous deviendrez des vipères. Osez maintenant toucher à Rosette ! »

En disant ces paroles, elle disparut.

Le roi, la reine et les princesses, terrifiés, se séparèrent sans oser prononcer une parole, mais la rage dans le cœur ; les princesses dormirent peu, et furent encore plus furieuses le lendemain, quand elles virent leurs yeux battus, leurs traits contractés par la méchanceté ; elles eurent beau mettre du rouge, du blanc, battre leurs femmes, elles n’en furent pas plus jolies. Le roi et la reine se désolaient autant que les princesses, et ne voyaient pas de remède à leur chagrin.