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dans cette forêt ; on savait qu’elle était enchantée et que, lorsqu’on y entrait une fois, on n’en pouvait plus jamais sortir. Gourmandinet connaissait la terrible propriété de cette forêt ; on lui avait sévèrement défendu de jamais diriger la voiture de Blondine de ce côté, de crainte que par inadvertance Blondine ne franchît la grille et n’entrât dans la forêt des Lilas.

Bien des fois le roi avait voulu faire élever un mur le long de la grille, ou du moins serrer le grillage de manière qu’il ne fût plus possible d’y passer ; mais à mesure que les ouvriers posaient les pierres ou les grillages, une force inconnue les enlevait et les faisait disparaître.

La reine Fourbette commença par gagner l’amitié de Gourmandinet en lui donnant chaque jour des friandises nouvelles ; quand elle l’eut rendu tellement gourmand qu’il ne pouvait plus se passer des bonbons, des gelées, des gâteaux qu’elle lui donnait à profusion, elle le fit venir et lui dit :

« Gourmandinet, il dépend de toi d’avoir un coffre plein de bonbons et de friandises, ou bien de ne plus jamais en manger.

— Ne jamais en manger ! Oh ! Madame, je mourrais de chagrin. Parlez, Madame ; que dois-je faire pour éviter ce malheur ?

— Il faut, reprit la reine en le regardant fixement, que tu mènes la princesse Blondine près de la forêt des Lilas.

— Je ne le puis, Madame, le roi me l’a défendu.