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mes, et qu’Orangine espérait épouser, se plaça à côté de Rosette et fut occupé d’elle pendant tout le repas. Après le dîner, pour forcer les regards de se tourner vers elles, Orangine et Roussette proposèrent de chanter ; elles chantaient très bien et s’accompagnaient de la harpe.

Rosette, qui était bonne et qui désirait que ses sœurs l’aimassent, applaudit tant qu’elle put le chant de ses sœurs et vanta leur talent. Orangine, au lieu d’être touchée de ce généreux sentiment, espéra jouer un mauvais tour à Rosette en l’engageant à chanter à son tour. Rosette s’en défendit modestement ; ses sœurs, qui pensèrent qu’elle ne savait pas chanter, insistèrent vivement ; la reine elle-même, désirant humilier la pauvre Rosette, se joignit à Orangine et à Roussette et lui ordonna de chanter. Rosette fit un salut à la reine. « J’obéis », dit-elle. Elle prit la harpe ; la grâce de son maintien étonna ses sœurs. Quand elle commença à préluder sur la harpe, elles auraient bien voulu l’arrêter, car elles virent que le talent de Rosette était bien supérieur au leur. Mais quand elle chanta de sa voix belle et mélodieuse une romance composée par elle sur le bonheur d’être bonne et d’être aimée de sa famille, il y eut un tel frémissement d’admiration, un enthousiasme si général, que ses sœurs faillirent s’évanouir de dépit. Le roi Charmant semblait transporté d’admiration. Il s’approcha de Rosette, les yeux mouillés de larmes, et lui dit :

« Charmante et aimable princesse, jamais une