Combien êtes-vous d’ânes ici présents ?
Nous sommes seize sans vous compter, mère Tranchet. »
Un nouveau rire accueillit cette plaisanterie.
Tiens, t’es un malin, toi. Et que doit gagner le premier arrivé ?
D’abord l’honneur, et puis une montre d’argent.
Je serais bien aise d’être une bourrique pour gagner la montre ; je n’ai jamais eu de quoi en avoir une.
Ah bien ! si vous aviez amené un bourri, vous auriez couru… la chance.
Et tous de rire de plus belle.
Où veux-tu que je prenne un bourri ? Est-ce que j’ai jamais eu de quoi en nourrir et de quoi en payer un ?
Cette bonne femme me plaisait ; elle avait l’air bonne et gaie : j’eus l’idée de lui faire gagner la montre. J’étais bien habitué à courir ; tous les jours dans la forêt je faisais de longues courses pour me réchauffer, et j’avais eu jadis la réputation de courir aussi vite et aussi longtemps qu’un cheval.
