nière fois, on s’étonna plus encore, et l’on crut qu’un habile voleur m’avait enlevé en me faisant passer par la barrière.
« Cette fois, dit tristement mon maître, il est définitivement perdu. Il ne pourra pas s’échapper une seconde fois, et quand même il s’échapperait, il ne pourra rentrer ; j’ai trop bien bouché toutes les brèches de la haie. »
Et il partit en soupirant ; ce fut encore un des chevaux qui me remplaça à la charrette. De même que la semaine précédente je sortis de ma cachette quand tout le monde fut parti ; mais je trouvai plus prudent de ne pas annoncer mon retour en faisant hi ! han ! comme l’autre fois.
Quand on me trouva mangeant tranquillement l’herbe dans la prairie, et quand mon maître apprit que j’étais revenu peu de temps après son départ, je vis qu’on soupçonnait quelque tour de ma façon ; personne ne me fit de compliments, on me regardait d’un air méfiant, et je m’aperçus bien que j’étais surveillé plus que par le passé. Je me moquai d’eux, et je me dis en moi-même :
« Mes bons amis, vous serez bien fins si vous découvrez le tour que je vous joue ; je suis plus fin que vous, et je vous attraperai encore et toujours. »
Je me cachai donc une troisième fois, bien content de ma finesse. Mais j’étais à peine blotti dans mon fossé, quand j’entendis l’aboiement formidable du gros chien de garde, et la voix de mon maître qui disait :