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Caroline remonta sur son âne, et prit le petit garçon sur ses genoux. Il lui indiqua le chemin, et, cinq minutes après, nous arrivâmes tous à la cabane de la mère Thibaut, qui était morte de la veille et enterrée du matin. L’enfant courut à la maison et appela : « Nourrice, nourrice ! » Aussitôt une chèvre bondit hors de l’écurie restée ouverte, courut à l’enfant et témoigna sa joie de le revoir par mille sauts et caresses. L’enfant l’embrassait aussi ; puis il dit : « Téter, nourrice ». La chèvre se coucha aussitôt par terre ; le petit garçon s’étendit près d’elle et se mit à téter comme s’il n’avait ni bu ni mangé.

« Voilà la nourrice expliquée, dit enfin Ernest. Que ferons-nous de cet enfant ?

— Nous n’avons rien à en faire, dit Antoine qu’à le laisser là avec sa chèvre. »

Les enfants se récrièrent tous avec indignation.

Caroline.

Ce serait abominable d’abandonner ce pauvre petit ; il mourrait peut-être bientôt, faute de soins.

Antoine.

Que veux-tu en faire ? Vas-tu l’emmener chez toi ?

Caroline.

Certainement ; je prierai maman de faire demander qui il est, s’il a des parents, et, en attendant, de le garder à la maison.

Antoine.

Et notre partie d’âne ? Nous allons donc tous rentrer ?