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« Que fais-tu, Caroline ? où vas-tu ? » s’écrièrent les enfants.

Caroline ne répondit pas ; elle poussa précipitamment la grille, entra dans le cimetière, regarda autour d’elle, et courut vers une tombe fraîchement remuée.

Ernest l’avait suivie avec inquiétude, et la rejoignit au moment où, se baissant vers la tombe, elle relevait un pauvre petit garçon de trois ans dont elle avait entendu les gémissements.

« Qu’as-tu, mon pauvre petit ? Pourquoi pleures-tu ? »

L’enfant sanglotait et ne pouvait répondre ; il était très joli et misérablement vêtu.

Caroline.

Comment es-tu tout seul ici, mon pauvre petit ?

L’enfant, sanglotant.

Ils m’ont laissé ici ; j’ai faim.

Caroline.

Qui est-ce qui t’a laissé ici ?

L’enfant, sanglotant.

Les hommes noirs ; j’ai faim.

Caroline.

Ernest, va vite chercher nos provisions ; il faut donner à manger à ce pauvre petit ; il nous expliquera ensuite pourquoi il pleure et pourquoi il est ici.

Ernest courut chercher le panier aux provisions, pendant que Caroline tâchait de consoler l’enfant. Peu d’instants après Ernest reparut, suivi de toute la bande, que la curiosité attirait. On donna à l’en-