Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ayant saisi le filet, commençait à me tirer à terre ; mais je l’ai très bien vu se jeter à l’eau et plonger pour me sauver. Jamais je n’oublierai le service qu’il m’a rendu, et jamais je ne reviendrai ici sans dire bonjour à Cadichon.

— Ce que vous dites là est très bien, Auguste, dit la grand’mère. Quand on a du cœur, on a de la reconnaissance envers un animal aussi bien que pour un homme. Quant à moi je me souviendrai toujours des services que nous a rendus Cadichon, et, quoi qu’il arrive, je suis décidée à ne jamais m’en séparer.

Camille.

Mais, grand’mère, il y a quelques mois, vous vouliez l’envoyer au moulin. Il aurait été très malheureux au moulin.

La grand’mère.

Aussi, chère enfant, ne l’y ai-je pas envoyé. J’en avais eu la pensée un instant, il est vrai, après le tour qu’il avait joué à Auguste, et à cause d’une foule de petites méchancetés dont toute la maison se plaignait. Mais j’étais décidée à le garder ici en récompense de ses anciens services. À présent, non seulement il restera avec nous, mais je veillerai à ce qu’il y soit heureux.

— Oh ! merci, grand’mère, merci ! s’écria Jacques, en sautant au cou de sa grand’mère, qu’il manqua jeter par terre. C’est moi qui aurai toujours soin de mon cher Cadichon ; je l’aimerai, et il m’aimera plus que les autres.