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— Des fraises ? dit Madeleine, où sont les fraises ? Je ne les vois pas. C’est dégoûtant ce que tu nous donnes.

— Mais oui, c’est dégoûtant, s’écrièrent tous les autres.

— Je croyais que ce serait meilleur écrasé, dit le pauvre petit Jacques, les yeux pleins de larmes. Mais, si vous voulez, j’irai vite cueillir d’autres fraises et chercher de la crème à la ferme.

— Non, mon petit Jacques, dit Élisabeth, touchée de sa douleur ; ta crème doit être très bonne. Veux-tu m’en servir ? Je la mangerai avec grand plaisir. »

Jacques embrassa Élisabeth ; sa figure reprit un air joyeux, et il en servit plein une assiette.

Les autres enfants, attendris comme Élisabeth par la bonté et la bonne volonté de Jacques, lui en demandèrent tous, et tous, après avoir goûté, déclarèrent que c’était excellent, bien meilleur que si les fraises avaient été entières.

Le petit Jacques, qui avait examiné avec inquiétude leurs visages pendant qu’ils goûtaient à sa crème, redevint radieux quand il vit le succès de son invention ; il en prit lui-même, il y en avait assez pour lui faire regretter de ne pas en avoir fait d’avantage.

Le déjeuner fini, ils se mirent à laver la vaisselle dans un grand baquet qui avait été oublié la veille et que la gouttière avait rempli dans la nuit.