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faire qu’il y ait des cerises quand nous avons tout mangé !

Jacques.

C’est égal ; Cadichon, mon bon Cadichon, viens nous aider ; vois notre panier vide, et tâche de le remplir.

J’étais tout près des quatre petits gourmands. Jacques me mettait le panier vide sous le nez pour me faire comprendre ce qu’il attendait de moi. Je le flairai et je partis au petit trot ; j’allai à la cuisine, où j’avais vu déposer un panier de cerises, je le pris entre mes dents, je l’emportai en trottant et je le déposai au milieu des enfants encore assis en rond près des noyaux et des queues de cerises qu’ils avaient mis dans leur assiette.

Un cri de joie accueillit son retour. Les autres se retournèrent tous à ce cri, et demandèrent ce qu’il y avait.

« C’est Cadichon ! c’est Cadichon ! s’écria Jacques.

— Tais-toi, lui dit Jeanne ; ils sauront que nous avons tout mangé.

— Tant pis, s’ils le savent ! répondit Jacques. Je veux qu’ils sachent aussi combien Cadichon est bon et spirituel. »

Et, courant à eux, il leur raconta comment j’avais réparé leur gourmandise. Au lieu de gronder les quatre petits, ils louèrent Jacques de sa franchise, et donnèrent aussi de grands éloges à mon intelligence.

Pendant ce temps, Auguste avait allumé le feu