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— Où les as-tu vus ? Quand cela ? demandèrent tous les enfants à la fois.

Élisabeth.

Je les ai vus, l’hiver dernier, au théâtre de Franconi.

Henri.

Ah ! ah ! ah ! quelle bêtise ! je croyais que c’étaient de vrais voleurs que tu avais rencontrés dans un de tes voyages et je m’étonnais que mon oncle et ma tante n’en eussent pas parlé.

Élisabeth, piquée.

Certainement, monsieur, ce sont de vrais voleurs, et les gendarmes se sont battus contre eux et les ont tués ou faits prisonniers. Et ce n’est pas drôle du tout ; j’avais très peur, et il y a eu des pauvres gendarmes blessés.

Pierre.

Ah ! ah ! ah ! que tu es sotte ! ce que tu as vu, c’est ce qu’on appelle une comédie, qui est jouée par des hommes qu’on paye et qui recommencent tous les soirs.

Élisabeth.

Comment veux-tu qu’ils recommencent, puisqu’ils sont tués ?

Pierre.

Mais tu ne vois donc pas qu’ils font semblant d’être tués ou blessés, et qu’ils se portent aussi bien qui toi et moi.

Élisabeth.

Alors comment papa et mes oncles ont-ils reconnu que ces hommes étaient des voleurs ?