Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donné au bagne pour se moquer de son peu de finesse.

Quant à Passe-Partout, son vrai nom était Partout ; et un jour qu’on se pressait pour passer au réfectoire, Finot s’écria : « Passe, Partout », le nom lui en resta.

Il n’y avait plus moyen de nier ; il ne voulait pourtant pas avouer ; il prit le parti de hausser les épaules, en disant :

« Est-ce que je connais Finot, moi ? C’était pas malin de deviner que vous parliez de mon camarade ; je croyais que vous l’appeliez Finot pour vous moquer.

— C’est bon ! tournez cela comme vous voudrez, dit le brigadier, il n’en est pas moins vrai que vous voyagez pour acheter du cidre avec votre camarade ; que vous avez trouvé vos papiers sur la route ; que vous les portiez, après les avoir lus, à la ville, chez les gendarmes ; que vous avez acheté vos couteaux pour vous défendre contre des voleurs, que vous avez été attaqués et blessés par ces mêmes voleurs. N’est-ce pas ça ?

Passe-Partout.

Oui, oui, c’est bien mon histoire.

Le brigadier.

Dites donc votre conte, car votre camarade a dit tout le contraire.

— Que vous a-t-il dit ? demanda Passe-Partout avec inquiétude.

— Il est inutile que vous le sachiez pour le mo-