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vigoureux à empoisonner ; personne au rez-de-chaussée ; argenterie ; galerie de curiosités riches et bijoux. Tuer si on vient. »

« Vous voyez, continua le papa, que ces hommes sont des brigands qui venaient dévaliser le potager, faute de mieux. Pendant que vous leur donnerez vos soins, je vais envoyer à la ville prévenir le brigadier de gendarmerie. »

M. Tudoux tira de sa poche une trousse, y prit une lancette, et saigna les deux voleurs. Ils ne tardèrent pas à ouvrir les yeux, et parurent effrayés de se voir entourés de monde et dans une chambre du château. Quand ils furent tout à fait remis, ils voulurent parler.

« Silence, coquins, leur dit M. Tudoux avec calme et lenteur. Silence ; nous n’avons pas besoin de vos discours pour savoir qui vous êtes et ce que vous veniez faire ici. »

Finot porta la main à sa veste, les papiers n’y étaient plus ; il chercha son couteau, il ne le trouva pas. Il regarda Passe-Partout d’un air sombre, et lui dit à voix basse :

« Je te disais bien dans le bois que j’avais entendu du bruit.

— Tais-toi, dit Passe-Partout de même ; on pourrait t’entendre. Il faut tout nier.

Finot.

Mais les papiers ? ils les ont.

Passe-Partout.

Tu diras que nous avons trouvé les papiers.