Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est bien cela, ce doit être cela, dit le papa de Jacques. Il peut se vanter de nous avoir rendu un fier service, ce brave Cadichon. Viens, mon Cadichon, te voilà rentré en grâce cette fois. »

J’étais content ; je me promenais en long et en large devant la serre, pendant qu’on donnait des soins à Finot et à Passe-Partout. M. Tudoux ne tarda pas à arriver ; les voleurs n’avaient pas encore repris connaissance.

Il examina les blessures.

« Voilà deux coups bien appliquées, dit-il. On voit distinctement la marque d’un très petit fer à cheval, comme qui dirait un pied d’âne. Et mais… ajouta-t-il en m’apercevant, ne serait-ce pas une nouvelle méchanceté de cet animal qui nous examine comme s’il comprenait ?

— Pas méchanceté, mais fidèle service et intelligence, répondit le papa de Pierre. Ces gens-là sont des voleurs ; voyez ces couteaux et ces papiers qu’ils avaient sur eux. »

Et il se mit à lire :

« No 1. Château Herp. Beaucoup de monde ; pas bon à voler ; potager facile ; légumes et fruits, mur peu élevé.

« No 2. Presbytère. Vieux curé ; pas d’armes. Servante sourde et vieille. Bon à voler pendant la messe.

« No 3. Château de Sourval. Maître absent ; femme seule au rez-de-chaussée, domestique au second ; belle argenterie ; bon à voler. Tuer si on crie.

« No 4. Château de Chanday. Chiens de garde