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Passe-Partout.

T’es un lâche, toi ! sais-tu bien ? Si tu vois ou si tu entends un homme, tu n’as qu’à m’appeler, et je lui ferai son affaire.

Finot.

Fais à ton goût, ce n’est pas le mien.

Passe-Partout.

Pour lors donc, c’est convenu. Nous attendons la nuit, nous arrivons près du mur du potager, tu restes à un bout pour avertir s’il vient quelqu’un ; je grimpe à l’autre bout, je te passe une échelle et tu me rejoins.

— C’est bien ça… » dit Finot.

Il se retourne avec inquiétude, écoute et dit tout bas :

« J’ai entendu remuer là derrière. Est-ce qu’il y aurait quelqu’un ?

— Qui veux-tu qui se cache dans les bois ? répondit Passe-Partout. Tu as toujours peur. Ce ne peut être qu’un crapaud ou une couleuvre. »

Ils ne dirent rien : je ne bougeai pas non plus, et je me demandai ce que j’allais faire pour empêcher les voleurs d’entrer et pour les faire prendre. Je ne pouvais prévenir personne, je ne pouvais même pas défendre l’entrée du potager. Pourtant, après avoir bien réfléchi, je pris un parti qui pouvait empêcher les voleurs d’agir et les faire arrêter. J’attendis qu’ils fussent partis pour m’en aller à mon tour. Je ne voulais pas bouger jusqu’au moment où ils ne pourraient plus m’entendre.