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Passe-Partout.

Ça ne vaut rien ; j’ai une idée, moi. Je connais le potager ; il y a un endroit où le mur est dégradé, en mettant les pieds dans les trous, j’arriverai au haut du mur, je trouverai une échelle et je te la passerai, car tu n’es pas fort pour grimper.

Finot.

Non, je ne tiens pas du chat comme toi.

Passe-Partout.

Mais si quelqu’un vient nous déranger ?

Finot.

Tiens, tu es bon enfant, toi ! Si quelqu’un vient me déranger, je saurai bien l’arranger.

Passe-Partout.

Qu’est-ce que tu lui feras ?

Finot.

Si c’est un chien, je l’égorge ; ce n’est pas pour rien que j’ai mon couteau affilé.

Passe-Partout.

Mais si c’est un homme ?

— Un homme ? dit Finot se grattant l’oreille, c’est plus embarrassant, ça… Un homme ? on ne peut pourtant pas tuer un homme comme un chien. Si c’était pour quelque chose qui vaille, on verrait, mais pour des légumes ! Et puis, ce château qui est plein de monde !

Passe-Partout.

Mais enfin, qu’est-ce que tu feras ?

Finot.

Ma foi, je me sauverai : c’est plus sûr.