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Georget.

Grand’mère, grand’mère, comme il a l’air bon, ce pauvre âne, il m’a léché la main !

La grand’mère.

C’est singulier qu’il soit tout seul. Où est son maître ? Va donc, Georget, par le village et à l’auberge où s’arrêtent les voyageurs : tu demanderas à qui appartient ce bourri. Son maître est peut-être en peine de lui.

Georget.

Vais-je emmener le bourri, grand’mère ?

La grand’mère.

Il ne te suivrait pas ; laisse-le aller où il voudra.

Georget partit en courant ; je trottai après lui. Quand il vit que je le suivais, il vint à moi, et, me caressant, il me dit : « Dis donc, mon petit bourri, puisque tu me suis, tu me laisseras bien monter sur ton dos ». Et, sautant sur mon dos, il me fit : Hu ! hu !

Je partis au petit galop, ce qui enchanta Georget. Ho ! ho ! fit-il en passant devant l’auberge. Je m’arrêtai tout de suite. Georget sauta à terre ; je restai devant la porte, ne bougeant pas plus que si j’avais été attaché.

« Qu’est-ce que tu veux, mon garçon ! dit le maître de l’auberge.

— Je viens savoir, monsieur Duval, si ce bourri, qui est ici à la porte, ne serait pas à vous ou à une de vos pratiques. »

M. Duval s’avança vers la porte, me regarda atten-