jours sur leurs talons, voulut me faire partir. Je refusai et je revins constamment reprendre ma place près ou derrière eux.
« Est-ce drôle, dit l’homme, cet âne qui s’obstine à nous suivre ! Ma foi, puisque cela lui plaît, il faut le laisser faire. »
En arrivant au village, il se présenta à un aubergiste, et lui demanda à dîner et à coucher, tout en disant fort honnêtement qu’il n’avait pas un sou dans la poche.
« J’ai assez des mendiants du pays, sans y ajouter ceux qui n’en sont pas, mon bonhomme, répondit l’aubergiste ; allez chercher un gîte ailleurs. »
Je m’élançai de suite près de l’aubergiste, que je saluai à plusieurs reprises de façon à le faire rire.
« Vous avez là un animal qui ne paraît pas bête, dit l’aubergiste en riant. Si vous voulez nous régaler de ses tours, je veux bien vous donner à manger et à coucher.
— Ce n’est pas de refus, répondit l’homme ; nous vous donnerons une représentation, mais quand nous aurons quelque chose dans l’estomac ; à jeun, on n’a pas la voix propre au commandement.
— Entrez, entrez, on va vous servir de suite, reprit l’aubergiste ; Madelon, ma vieille, donne à dîner à trois, sans compter le bourri. »
Madelon leur servit une bonne soupe, qu’ils ava-