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Jacques.

Oh ! mais Auguste, c’est autre chose ; il ne l’aime pas.

Henri.

Et pourquoi ne l’aime-t-il pas ? Qu’est-ce qu’Auguste lui a fait ? Il pourrait bien, un beau jour, nous détester aussi. »

Jacques ne répondit pas, car il n’y avait effectivement rien à répondre ; mais il secoua la tête, et, se retournant vers moi, il me fit une petite caresse amicale, dont je fus touché jusqu’aux larmes. L’abandon de tous les autres me rendit plus précieux encore ces témoignages d’affection de mon cher petit Jacques, et, pour la première fois, une pensée sincère de repentir se glissa dans mon cœur. Je songeai avec inquiétude à la maladie du malheureux Auguste. Dans l’après-midi on sut qu’il était plus mal encore, que le médecin avait des inquiétudes graves pour sa vie. Mes jeunes maîtres y allèrent eux-mêmes vers le soir ; les cousines attendaient impatiemment leur retour. « Eh bien ? eh bien ? leur crièrent-elles du plus loin qu’elles les aperçurent. Quelles nouvelles ? Comment va Auguste ?

— Pas bien, répondit Pierre ; et pourtant un peu moins mal que tantôt.

Henri.

Le pauvre père fait pitié ; il pleure, il sanglote, il demande au bon Dieu de lui laisser son fils ; il