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avec Auguste au bout. Quand il fut sur la terre ferme, personne ne voulait l’approcher ; il était couvert de boue, et sentait trop mauvais.

« Il faut aller prévenir son père, dit Pierre.



— Et puis papa et mes oncles, dit Henri, qu’ils nous disent ce qu’il faut faire pour le nettoyer.

— Allons, viens, Auguste ; suis-nous, mais de loin, dit Pierre ; cette boue exhale une odeur insupportable. »

Auguste, tout penaud, noir de boue, y voyant à peine pour se conduire, les suivit de loin ; on entendait les exclamations des gens de la ferme. Je formais l’avant-garde, caracolant, courant et brayant de toutes mes forces. Pierre et Henri parurent mécontents de ma gaieté ; ils criaient après moi pour me faire taire. Ce bruit inaccoutumé attira l’attention de toute la maison ; chacun reconnaissant ma voix, et sachant que je ne brayais ainsi que dans les grandes occasions, se mit à la fenêtre, de sorte que, lorsque nous arrivâmes en vue du châ-