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lui avaient proposé une promenade dans le parc, Camille, qui courait en avant, fit tout à coup un saut de côté et poussa un cri.

« Qu’as-tu donc ? s’écria Pierre courant à elle.

Camille.

J’ai eu peur d’une grenouille qui m’a sauté sur le pied.

Auguste.

Vous avez peur des grenouilles, Camille ? Moi, je n’ai peur de rien, d’aucun animal.

Camille.

Pourquoi donc, l’autre jour, avez-vous sauté si haut, quand je vous ai dit qu’une araignée se promenait sur votre bras ?

Auguste.

Parce que j’avais mal compris ce que vous me disiez.

Camille.

Comment, mal compris ? C’était pourtant facile à comprendre.

Auguste.

Certainement, si j’avais bien entendu ; mais j’ai cru que vous disiez : « Une araignée se promène là-bas. » J’ai sauté pour mieux voir, voilà tout.

Pierre.

Par exemple ! Ce n’est pas vrai, cela, car tu m’as dit tout en sautant : « Pierre, ôte-la, je t’en prie ».

Auguste.

Je voulais dire : « Ôte-toi, que je la voie mieux ».

— Il ment, dit tout bas Madeleine à Camille.