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Henriette, puis Pierre et Henri, puis enfin Élisabeth, Madeleine et Camille.

« Voyez-vous, disaient Louis et Jacques, que nous connaissons mieux que vous l’esprit de Cadichon ; voyez comme il a été intelligent ! Comme il a bien compris les tours de ce sot Mirliflore et son imbécile de maître !

— C’est vrai, dit Pierre ; mais je voudrais bien savoir pourquoi il a voulu absolument mettre le bonnet d’âne au maître. Est-ce qu’il a compris que le maître était un sot, et qu’un bonnet d’âne est le signe qui indique la sottise ?

Camille.

Certainement, il l’a compris ; il a bien assez d’esprit pour cela.

Élisabeth.

Ah ! ah ! ah ! Tu dis cela parce qu’il t’a donné le bouquet comme à la plus jolie de l’assemblée.

Camille.

Pas du tout, je n’y pensais pas, et, à présent que tu m’en parles, je me souviens que j’ai été étonnée, et que j’aurais voulu qu’il allât porter le bouquet à maman : c’est elle qui était la plus belle de l’assemblée.

Pierre.

C’est toi qui la représentais, et puis je trouve, moi, qu’après ma tante, l’âne ne pouvait mieux choisir.

Madeleine.

Et moi donc, et moi, est-ce que je suis laide ?