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jamais âne au monde n’eut un pareil succès, un pareil triomphe. Le cercle fut envahi par des milliers de personnes qui voulaient me toucher, me caresser, me voir de près. Ceux qui me connaissaient en étaient fiers ; ils me nommaient à ceux qui ne me connaissaient pas ; ils racontaient une foule d’histoires vraies et fausses dans lesquelles je jouais un rôle magnifique. Une fois, disait-on, j’avais éteint un incendie en faisant marcher une pompe tout seul ; j’étais monté à un troisième étage, j’avais ouvert la porte de ma maîtresse, je l’avais saisie endormie sur son lit, et, comme les flammes avaient envahi tous les escaliers et fenêtres, je m’étais élancé du troisième étage, après avoir eu soin de placer ma maîtresse sur mon dos : ni elle ni moi, nous ne nous étions blessés, parce que l’ange gardien de ma maîtresse nous avait soutenus en l’air pour nous faire descendre à terre tout doucement. Une autre fois, j’avais tué à moi tout seul cinquante brigands en les étranglant les uns après les autres d’un seul coup de dent, de manière qu’aucun d’eux n’eût le temps de se réveiller et de donner l’alarme à ses camarades. J’avais été ensuite délivrer, dans les cavernes, cent cinquante prisonniers que ces voleurs avaient enchaînés pour les engraisser et les manger. Une autre fois, enfin, j’avais battu à la course les meilleurs chevaux du pays ; j’avais fait en cinq heures vingt-cinq lieues sans m’arrêter.

À mesure que ces nouvelles se répandaient,