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Le papa, de Louis.

Non, je ne le savais pas ; mais qu’avons-nous affaire d’ânes savants, nous qui avons Cadichon ?

Louis.

Voilà précisément ce que nous disons, papa, que Cadichon est plus savant qu’eux tous. Mes sœurs, mes cousines et cousins iront à la foire pour voir cet âne, et nous voudrions bien y mener Cadichon pour qu’il voie comment fait l’âne, et qu’il fasse de même.

Le papa, de Jacques.

Comment ? vous mettriez Cadichon dans la foule à regarder l’âne ?

Jacques.

Oui, papa, au lieu d’aller en voiture, nous monterions Cadichon, et nous nous mettrions tout près du cercle où l’âne savant fera ses tours.

Le papa, de Louis.

Je ne demande pas mieux, moi ; mais je ne crois pas que Cadichon apprenne grand’chose en une seule leçon.

Jacques.

N’est-ce pas, Cadichon, que tu sauras faire aussi bien que cet imbécile d’âne savant ? »

En m’adressant cette question, Jacques me regardait d’un air si inquiet, que je me mis à braire pour le rassurer, tout en riant de son inquiétude.

« Entendez-vous, papa ? Cadichon dit oui, » s’écria Jacques avec triomphe.

Les deux papas se mirent à rire, embrassèrent