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proches. Ses aboiements attirèrent des enfants qui sortaient de l’école ; ils se joignirent à Médor pour injurier le chat ; ils finirent même par ramasser des pierres et lui en jeter ; c’était une véritable grêle. Le chat se sauva au haut de l’arbre, se cacha dans les endroits les plus touffus : ce qui n’empêcha pas les méchants garçons de continuer leur jeu et de faire des hourras de joie chaque fois qu’un miaulement plaintif leur apprenait que le chat avait été touché et blessé.

Médor commençait à s’ennuyer de ce jeu ; les miaulements douloureux du chat avaient fait passer sa colère, et il craignait que les enfants ne fussent trop cruels. Il se mit donc à aboyer contre eux et à les tirer par leurs blouses ; ils n’en continuèrent pas moins à lancer des pierres ; seulement, ils en jetèrent aussi quelques-unes à mon pauvre ami. Enfin un cri rauque et horrible, suivi d’un craquement dans les branches, annonça qu’ils avaient réussi, que le chat était grièvement blessé, et qu’il tombait de l’arbre. Une minute après, il était par terre, non seulement blessé, mais raide mort ; il avait eu la tête brisée par une pierre. Les méchants enfants se réjouirent de leur succès, au lieu de pleurer sur leur cruauté et sur les souffrances qu’ils avaient fait endurer à ce pauvre animal. Médor regardait son ennemi d’un air compatissant, et les garçons d’un air de reproche ; il allait retourner à la maison, lorsqu’un des enfants s’écria :