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« J’aurai le temps de dormir le jour, disait-il ; et toi tu n’as pas grand’chose à faire dans cette saison-ci. »

Toute la journée du lendemain se passa en effet sans que je visse mon pauvre ami. Vers le soir, je l’attendais avec impatience, lorsque j’entendis ses cris. Je courus près de la haie ; je vis la méchante fermière qui le tenait par la peau du cou, pendant que Jules le frappait avec le fouet du charretier. Je m’élançai au travers de la haie par une brèche mal fermée ; je me jetai sur Jules, et je le mordis au bras de façon à lui faire tomber le fouet des mains. La fermière lâcha Médor, qui se sauva, c’est ce que je voulais ; je lâchai aussi le bras de Jules, et j’allais retourner dans mon enclos, lorsque je me sentis saisir par les oreilles ; c’était la fermière, qui dans sa colère, criait à Jules :


« Je me jetai sur Jules. »

« Donne-moi le grand fouet, que je corrige ce mauvais animal ! Jamais plus méchant âne n’a été vu en ce monde. Donne donc, ou claque-le toi-même.