beurre qui sautaient de la baratte pendant qu’on le faisait. Médor était bon ; ma maigreur et ma faiblesse lui firent pitié ; un jour il m’apporta un morceau de pain, et me le présenta d’un air triomphant.
« Mange, mon pauvre ami, me dit-il, dans son langage ; j’ai assez du pain qu’on me donne pour me nourrir, et toi, tu n’as que des chardons et de mauvaises herbes en quantité à peine suffisante pour te faire vivre.
— Bon Médor, lui répondis-je, tu te prives pour moi, j’en suis certain. Je ne souffre pas autant que tu le penses ; je suis habitué à peu manger, à peu dormir, à beaucoup travailler et à être battu.
— Je n’ai pas faim. Prouve-moi ton amitié en acceptant mon petit présent. C’est bien peu de chose, mais je te l’offre avec plaisir, et si tu me refusais, j’en aurais du chagrin.
— Alors j’accepte, mon bon Médor, lui répondis-je, parce que je t’aime ; et je t’avoue que ce pain me fera grand bien, car j’ai faim. »
Et je mangeai le pain du bon Médor, qui regardait avec joie l’empressement avec lequel je broyais et j’avalais. Je me sentis tout remonté par ce repas inaccoutumé ; je le dis à Médor, croyant par là lui mieux témoigner ma reconnaissance ; il en résulta que tous les jours il m’apportait le plus gros morceau de ceux qu’on lui donnait. Le soir, il venait se coucher près de moi sous l’arbre