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Auguste.

Mais, papa.

Le père, d’une voix sévère.

Silence ! vous dis-je. Pas un mot, si vous ne voulez faire connaissance avec la baguette de mon fusil. »

Auguste baissa la tête et se retira tout confus.

« Vous voyez, mes enfants, dit le papa de Pierre et de Henri, où mène la présomption, c’est-à-dire la croyance d’un mérite qu’on n’a pas. Ce qui arrive à Auguste aurait pu vous arriver aussi. Vous vous êtes tous figuré que rien n’était plus facile que de bien tirer, qu’il suffisait de vouloir pour tuer ; voyez le résultat, vous avez été tous trois ridicules dès ce matin ; vous avez méprisé nos conseils et notre expérience ; et enfin vous êtes tous trois la cause de la mort de mon pauvre Médor. Je vois, d’après cela, que vous êtes trop jeunes pour chasser. Dans un an ou deux nous verrons. Jusque-là retournez à vos jardins et à vos amusements d’enfants. Tout le monde s’en trouvera mieux. »

Pierre et Henri baissèrent la tête sans répondre. On rentra tristement à la maison ; les enfants voulurent enterrer eux-mêmes dans le jardin mon malheureux ami, dont je vais vous raconter l’histoire. Vous verrez pourquoi je l’aimais tant.