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taient en arrière ; leur mine confuse frappa ces messieurs.

Le père d’Auguste, riant.

Ils n’ont pas l’air de triomphateurs !

Le papa de Pierre, riant.

Ils ont peut-être tué un veau ou un mouton qu’ils ont pris pour un lapin. »

Le garde approcha.

Le papa.

Qu’y a-t-il donc, Michaud ? Tu as l’air aussi penaud que les chasseurs.

— C’est qu’il y a de quoi, m’sieur, répondit le garde. Nous rapportons un triste gibier.

Le papa, riant.

Qu’est-ce donc ? Un mouton, un veau, un ânon ?

Le garde.

Ah ! m’sieur, il n’y a pas de quoi rire, allez ! C’est votre chien Médor, le meilleur de la bande, que M. Auguste a tué, le prenant pour une perdrix.

Le papa.

Médor ! le maladroit ! Si jamais il revient chasser ici !…

— Approchez, Auguste, lui dit son père. Voilà donc où vous ont mené votre sot orgueil et votre ridicule présomption ! Faites vos adieux à vos amis, monsieur ; vous allez retourner sur l’heure à la maison, et vous porterez votre fusil dans ma chambre pour n’y plus toucher, jusqu’à ce que vous ayez pris de la raison et de la modestie.