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Auguste restait immobile et consterné ; Pierre et Henri étaient très émus de la mort du chien, le garde concentrait sa colère et le regardait sans mot dire.

J’approchai pour voir quelle était la malheureuse victime de la maladresse et de l’amour-propre d’Auguste. Quelle ne fut pas ma douleur en reconnaissant Médor, mon ami, mon meilleur ami ! Et quels ne furent pas mon horreur et mon chagrin quand je vis le garde relever Médor, et le poser dans un des paniers que je portais sur mon dos ! Voilà donc le gibier que j’étais condamné à rapporter ! Médor, mon ami, tué par un mauvais garçon maladroit et orgueilleux.

Nous retournâmes du côté de la ferme, les enfants ne parlant pas, le garde laissant échapper de temps à autre un juron furieux, et moi ne trouvant de consolation que dans la réprimande sévère et l’humiliation que le meurtrier aurait à subir.

En arrivant à la ferme, nous y trouvâmes encore les chasseurs, qui, n’ayant plus de chiens, préféraient se reposer et attendre le retour des enfants.

« Déjà ! s’écrièrent-ils en nous voyant revenir.

Le papa de Pierre.

Je crois, en vérité, qu’ils ont tué une grosse pièce. Cadichon marche comme s’il était chargé, et un des paniers penche comme s’il contenait quelque chose de lourd. »

Ils se levèrent et vinrent à nous. Les enfants res-