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Henri.

C’est vrai, ça ; nous avons peut-être tué beaucoup de perdrix, seulement nous n’avions pas de chiens pour nous les rapporter.

Pierre.

Pourtant, je n’en ai pas vu tomber.

Auguste.

Parce qu’une perdrix tuée ne tombe jamais sur le coup ; elle vole encore quelque temps, et elle va tomber très loin.

Pierre.

Mais quand papa et mes oncles tirent, leurs perdrix tombent tout de suite.

Auguste.

Cela te semble ainsi parce que tu es loin, mais, si tu étais à leur place, tu verrais filer la perdrix longtemps encore. »

Pierre ne répondit pas, mais il n’avait pas trop l’air de croire ce que disait Auguste. Tous marchaient d’un pas moins fier et moins léger qu’au départ. Ils commençaient à demander l’heure.

« J’ai faim, dit Henri.

— J’ai soif, dit Auguste.

— Je suis fatigué, » dit Pierre.

Mais il fallait bien suivre les chasseurs qui tiraient, tuaient et s’amusaient. Pourtant ils n’oubliaient pas leurs jeunes compagnons de chasse, et, pour ne pas trop les fatiguer, ils proposèrent une halte pour déjeuner. Les jeunes gens acceptèrent avec joie. On rappela les chiens, qu’on remit