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Pierre.

Écoute, je vais, sans le lui dire, faire mettre à Cadichon le bât avec les paniers. Il nous suivra et nous lui ferons porter notre gibier.

Auguste.

Bien, très bien ; fais mettre les grands paniers ; si nous tuons un chevreuil, il lui faudra une fameuse place. »

Henri fut chargé de la commission. Je riais sous cape de la prévoyance. J’étais bien sûr de ne pas avoir la charge d’un chevreuil et de revenir avec les paniers vides comme au départ.

« En route ! dirent les papas. Nous marcherons devant. Et vous, gamins, suivez de près. Quand nous serons en plaine, nous nous débanderons…

— Qu’est-ce donc ? ajouta le papa de Pierre avec surprise ; Cadichon nous suit ? Cadichon orné de deux énormes paniers ?

— C’est pour le gibier de ces messieurs, dit le garde en riant.

Le papa.

Ah ! ah ! ah ! ils ont voulu faire à leur tête… soit… je veux bien que Cadichon suive la chasse, s’il a du temps à perdre. »

Il regarda en souriant Pierre et Henri, qui prirent un air dégagé.

« Ton fusil est-il armé, Pierre ? demanda Henri.

Pierre.

Non, pas encore ; c’est si dur à armer et à désar-